Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/127

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et actifs (pu avaient rangé sous la règle austère du célibat une vie que le travail devait immortaliser.

Ils auraient pu répondre d’une manière encore bien plus péremptoire si, au lieu d’adopter cette formule : A chacun suivant sa capacité, à chaque capacité suivant ses œuvres, ils eussent adopté celle qu’on puise aux sources les plus pures de la morale évangélique. Le jour, en effet, où la doctrine du devoir serait reconnue comme le fondement de la morale sociale, le père n’aurait plus besoin de parer par sa prévoyance à l’imprévoyance de l’État ; il n’aurait plus besoin d’assurer d’avance à son fils, dans la société, cette position de capitaliste, la seule qui soit aujourd’hui garantie ; et l’activité de chacun aurait d’autres mobiles, quand la société serait une grande famille où une place serait marquée pour tous les hommes de bonne volonté, selon cette parole de l’Évangile, la plus belle, la plus féconde, la plus touchante qui ait jamais été prononcée : Paix aux hommes de bonne volonté !

Malheureusement les saint-simoniens qui, comme hommes de pratique, allaient beaucoup trop loin, n’allaient pas assez loin comme hommes de théorie. Pour leur siècle, ils voulaient trop ; ils ne voulaient pas assez pour la justice et la vérité.

Cependant, une division sourde régnait au cœur même de la famille saint-simonienne. Les principes étaient posés il restait à les vérifier par l’application. Cette application périlleuse, fallait-il l’essayer ? Fallait-il passer de la théorie à la pratique après avoir complété la théorie ? Ici, les avis se partagè-