Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/135

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leur imposant une règle, telle eût été la mission du couple sacerdotal.

Il n’est pas inutile d’observer ici à quelles conclusions monstrueuses peut conduire l’application d’un faux principe. Le principe à chacun suivant sa capacité, etc., était, ayons-nous dit, un obstacle à l’exercice pacifique du pouvoir personnel ou du sacerdoce. Enfantin le comprit, Il voulut rendre le pouvoir possible en le rendant attrayant, et il fut amené à en faire le plus dangereux moyen de corruption qu’ait jamais rêvé l’imagination des voluptueux.

Quant à la limite qu’il serait convenable de poser à l’influence du prêtre et de la prêtresse sur les fidèles, Enfantin avouait son incompétence, la loi morale ne pouvant être trouvée, selon lui, par l’homme seul, et ne devant être formulée avec autorité que lorsque la femme aurait parlé.

Cette conception extravagante appartenait tout entière à Enfantin et n’appartenait qu’à lui. Saint-Simon n’avait jamais rien proposé de semblable. Les seuls mots qu’il eût écrits au sujet des femmes étaient ceux qu’on lit dans les Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains. : « Les femmes seront admises à souscrire, elles pourront être nommées. » Le disciple était donc beaucoup plus novateur que le maître. Car la doctrine du disciple soumettait le mariage à l’exercice d’un droit sacerdotal qui aurait enlevé aux enfants la connaissance de leur père. C’était le sensualisme employé comme moyen de gouvernement ; c’était la réhabilitation de l’amant par le confesseur.

Devant cet enchaînement d’étranges déductions,