Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/156

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dépenses obligées du roi. Cet état des besoins de la liste civile fut communiqué par Louis-Philippe à M. Laffitte, qui ne craignit pas de témoigner sa surprise. Selon lui, c’était assez, c’était trop peut-être de 18 millions ; et comment vaincre, d’ailleurs, l’inflexible austérité de M. Dupont ( de l’Eure ) ? On insista. Une commission avait été nommée par la chambre pour examiner le budget royal ; elle se composait de MM. Thouvenel, Duvergier de Hauranne, Anisson-Duperron, Étienne, Rémusat, Génin, Jacques Lefèvre et Cormenin. Ce fut à cette commission que la note dont nous venons de parler et qu’on n’avait pas osé communiquer au conseil des ministres, fut remise par M. Thiers, chargé de cette mission délicate. L’étonnement des mandataires de la chambre fut extrême ils refusaient de croire que des prétentions aussi exorbitantes fussent celles d’un monarque qu’ils avaient connu duc d’Orléans. A la chambre, lorsqu’on y lut l’étrange note, l’impression ne fut pas moins fâcheuse. Il fallait à tout prix réparer le tort d’une démarche imprudente.

Dans cette extrémité, le roi eut recours au dévouement infatigable de M. Laffitte, son ministre de prédilection. Il fut convenu entre eux que le roi écrirait une lettre dans laquelle il se plaindrait du zèle irréfléchi des courtisans et se déclarerait étranger à la fixation d’un chiffre, évidemment impopulaire que cette lettre, adressée à M. Laffitte, serait censée toute confidentielle ; mais que, par une habile indiscrétion, M. Laffitte aurait soin de la lire aux membres de la commission comme une preuve