Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/202

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pandre qu’il avait dit au maire : « Si le peuple jette des pierres aux soldats, les soldats lui jetteront des balles. » Vraies ou supposées, ces paroles n’étaient point démenties par l’attitude ordinaire de M. Maurice Duval. On y crut : cependant, rien ne faisait présager de prochains malheurs. Le soir, au spectacle, quelques voix s’élevèrent pour réclamer contre la prohibition du bal masqué ; mais la tranquillité publique ne fut pas autrement troublée.

Le lendemain, même calme dans la ville. Seulement, on annonçait pour le soir un charivari dont M. Duval était destiné à recevoir l’outrage. 11 en fut informé dans la matinée, et il écrivit au maire de Grenoble de réunir un bataillon de la garde nationale. Le bataillon devait se réunir à six heures. Or, par une singularité qui est restée sans explication, la lettre du préfet ne fut remise à la mairie qu’entre quatre heures et demie et cinq heures : elle arrivait trop tard, la convocation ne put avoir lieu.

Le commandant de la place, M. Bosonier de Lespinasse, s’était rendu chez le général Saint-Clair pour prendre ses instructions. « Je n’en ai pas à vous donner, lui avait répondu le général. » Plus tard, vers quatre heures, le commandant reçoit l’ordre écrit de consigner les troupes. Inquiet, il court de nouveau chez le général, et lui demande quels ordres il faut transmettre aux soldats. Le général ne répondit rien.

À huit heures du soir environ, un rassemblement dans lequel se trouvaient des enfants et des