Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/264

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trouvait à Carlsbad, avec le comte de Nesselrode. Or, le comte de Nesselrode ayant, par une interprétation erronée des sentiments de son maître, émis l’opinion que la Russie reconnaîtrait, à l’exemple de l’Angleterre, le gouvernement français, le prince de Metternich trembla que l’Autriche n’eût à soutenir toute seule le choc de la révolution française. Il ne tarda pas à être détrompé par le comte Orloff, envoyé de Saint-Pétersbourg pour s’entendre avec le cabinet autrichien. Mais il n’était plus temps. Il avait donc tenu à fort peu de chose que Louis-Philippe ne fût pas reconnu par l’Autriche, et en donnant son audience de congé au général Belliard, le prince de Metternich n’avait pas craint de lui dire : « L’empereur abhorre ce qui vient de se passer en France. Son sentiment profond est que l’ordre actuel ne peut pas durer. Il est également convaincu que le chef du nouveau gouvernement et ses ministres ne doutent pas de cette vérité. Dès-lors, ils devront se livrer avec anxiété à la recherche des moyens de se soutenir le plus long-temps possible, et ces moyens, ils ne les pourront trouver qu’en revenant aux règles et aux principes sur lesquels reposent tous les gouvernements. » Ainsi, l’Autriche n’avait reconnu le gouvernement français que dans l’espérance d’arriver par lui à l’anéantissement du principe révolutionnaire. Voyant le cabinet des Tuileries marcher vers ce but avec persévérance, et n’ayant plus de doute sur la résolution prise par Louis-Philippe de maintenir intacts les traités de 1815, le cabinet autrichien en était venu à considérer comme un gage de sécurité pour