Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/270

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divergentes : ceux-ci repoussant, comme M. de Charette, toute intervention de l’étranger ; ceux-là jugeant, comme M. de Coislin, « que le jour viendrait, peut-être, si on avait la patience d’attendre, où l’on pourrait tout faire par la France et rien par l’étranger, ce qui serait sans doute beaucoup mieux ; mais que ce jour n’était pas encore venu. »

Du reste, ces dissidences n’empêchaient pas qu’on ne fit secrètement dans l’Ouest tous les préparatifs d’une insurrection prochaine ; et si dans certaines contrées les démarches étaient fausses, les mesures mal prises, dans d’autres l’organisation était vraiment redoutable. C’est ainsi que, dans le seul pays situé entre la Sarthe et la Mayenne, on était parvenu en peu de temps à former vingt-six compagnies de cinquante hommes chacune, bien pourvues de fusils, disposant de vingt mille cartouches, et n’attendant plus que le signal.

Il fallait un terme à cette situation, car elle portait dans ses flancs tous les désordres ; et les scènes qui en résultaient avaient quelque chose de terrible. La prise d’armes n’avait pas encore été ordonnée que déjà, dans ce pays désolé, la guerre civile apparaissait partout avec son escorte ordinaire de meurtres et de perfidies. Rendus furieux par le danger, les partisans du régime nouveau étaient sans pitié pour leurs ennemis ; les visites domiciliaires se multipliaient à l’infini et portaient la terreur au sein des familles ; la chasse aux chouans se faisait avec une activité passionnée. Mais ils s’étaient eux-mêmes rendus coupables des plus criminelles agressions, et ils exerçaient maintenant d’horribles