Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/329

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« Que tardons-nous ? Le moment est venu pour chacun d’exprimer tout haut sa pensée. Plus de milieu possible entre adopter l’insurrection et rompre avec elle. Détournons de nous une solidarité fatale, et qu’une solennelle manifestation témoigne de notre éloignement pour les fauteurs de l’insurrection, pour leurs actes, pour leurs doctrines. » Mais cette opinion trouva dans l’assemblée des contradicteurs énergiques. Convenait-il aux auteurs de la loi de s’armer du réquisitoire ? Et dans quel moment ! Était-ce donc lorsque le sang versé fumait encore, lorsque tous les esprits étaient en fermentation et que la moindre étincelle y pouvait porter l’embrasement, était-ce au bruit de la fusillade, qu’il fallait fulminer l’arrêt des insurgés ? Vainqueurs, l’histoire seule les aurait jugés ; vaincus, l’excès de leur malheur était là pour les sauver de l’insulte. Ce fut l’avis des plus généreux, de M. de Bryas entre autres. M. de Bryas avait un fils à l’Ecole polytechnique, où la révolte avait trouvé plus d’un intrépide auxiliaire. Père et citoyen, il combattit avec une louable véhémence l’idée d’une manifestation qui eût été, en effet, sans avantage et sans dignité. Il fut ensuite question d’envoyer au roi des commissaires chargés de lui montrer dans la politique suivie depuis 1830 la source de tous les désordres. On objecta que la démarche était inutile que le roi avait, comme Charles X, comme tous les rois, une volonté immuable ; qu’il y avait folie à en douter ; et que les députés de l’Opposition se devaient de ne pas affronter les dédains d’une camarilla, gonflée en ce moment de haine et