Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/365

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chacun en avait. » De l’argent ! il en avait fallu aux diacres de la primitive église chargés spécialement de recueillir les dons des fidèles ; il en avait fallu à la religion chrétienne depuis St-Paul, depuis Jésus ; il lui en fallait encore, témoin le budget, où on la voyait figurer tous les ans. Les saint-simoniens étaient donc des hommes religieux ; et certes ils l’avaient prouvé, lorsqu’à la face d’une société égoïste, sceptique moqueuse préoccupée de ses intérêts matériels, ils avaient abandonné, pour obéir à leur foi, famille, carrière, habitudes chéries, espérances de fortune, vues d’avenir ; lorsqu’à la face d’une société qui ne garde à la vie du prolétaire, que dédains et mépris, ils s’étaient volontairement assujettis aux travaux les plus répugnants et les plus durs ; lorsqu’enfin ils étaient venus affronter les railleries de la multitude, revêtus d’un costume distinctif, et offrant à l’injure leur nom écrit sur leur poitrine. Puis quels étaient les hommes qui osaient dénier à la famille saint-simonienne un caractère religieux ? Des hommes qui, faisant profession ouverte d’indifférence en matière de religion, avaient mis l’athéisme dans la loi, des hommes qui avaient fait disparaître de l’enceinte de ce même tribunal où ils siégeaient, la majesté de Jésus crucifié, des hommes qui couvraient d’une toile verte l’image de leur Dieu, ainsi qu’une chose mauvaise à voir ! Du reste, et à supposer qu’on ne voulût pas reconnaître dans la famille saint-simonienne une société religieuse, quels désordres avait-on à lui imputer, pour que toute la rigueur de l’article 291 lui fut devenue applicable ? Les saint-