Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/372

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société, par cela seul qu’il est chef, a du pouvoir, c’est une vérité de définition. Or, quelle est la garantie contre l’abus du pouvoir ? Nous n’en connaissons qu’une, savoir que la puissance soit acquise à la capacité et non à la naissance. Tant que le principe de la transmission du pouvoir politique et de la richesse sera celui de la naissance, nous aurons droit de dire que tous vos systèmes de garanties engendrent ou maintiennent le plus abrutissant despotisme, puisqu’ils confèrent fortuitement la puissance. » À ces développements, l’accusé ajouta diverses explications, celles-ci d’une bizarrerie extrême, bizarrerie naïve ou calculée, celles-là pleines de sens, de sagacité et de finesse. On lui avait refusé le droit de choisir deux femmes pour conseils : il s’en plaignit et en témoigna sa surprise ; car, disait-il, quel est celui de nous qui oserait se prétendre plus capable que sa sœur ou sa mère de parler sur la morale ?

Au discours d’Enfantin succédèrent de vifs débats entre l’avocat-général d’une part, et de l’autre MM. Duveyrier, Barrault, Michel Chevalier. Ce dernier émut fortement l’assemblée, lorsque, rappelant ce mot de Robespierre : « La Convention ne permettra pas qu’on persécute les ministres paisibles des diverses religions, » il s’écria : « Vous savez, Messieurs, si nous sommes des hommes paisibles nous vous demandons la tolérance de Robespierre. » Mais depuis long-temps déjà la cause des prévenus était perdue. Enfantin, Duveyrier, Michel Chevalier, furent condamnés à un an de prison et à cent francs d’amende chacun ; Rodri-