Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/391

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par correspondance, depuis près de cinq mois, lorsqu’il fut envoyé. mystérieusement à Nantes par M. Thiers. Comme on se défiait de lui, on lui avait donné, pour l’accompagner, le commissaire de police Joly, celui qui, sous la Restauration, avait arrêté Louvel. Arrivé à Nantes, Deutz se présente à quelques légitimistes influents, il parle de dépêches pressantes à communiquer, il sollicite avec instance la grâce d’être admis auprès de Madame, dont son unique but était de découvrir l’asile. Mais déjà certains bruits alarmants avaient couru dans le parti légitimiste sur le compte de ce juif ; et, d’ailleurs, il était à craindre que la police, qui surveillait les démarches de tous les étrangers, ne parvînt sur les traces de celui-ci jusqu’à Marie-Caroline. Deutz redoubla de prières, et ce ne fut pas en vain. Le 30 octobre, la duchesse de Berri disait au frère des demoiselles Duguigny : « Demain au soir, à six heures, vous vous rendrez à l’hôtel de France. Vous y demanderez M. Gonzague. Vous l’aborderez par ces mots : Monsieur, vous arrivez d’Espagne. Voici la moitié d’une carte découpée, M. Gonzague a l’autre moitié. Vous le reconnaîtrez à ce signe et me l’amènerez. » Le lendemain, en effet, à l’heure dite, M. Duguigny se rendit à l’hôtel de France, reconnut Deutz par le moyen de la carte partagée, et s’offrit à lui pour guide. Pendant qu’ils descendaient tous deux la rue Jean-Jacques et suivaient la route qui conduit du port Maillard à la rue Haute-du-Château, Deutz paraissait inquiet, il aurait voulu savoir d’une manière précise dans quelle maison il allait être