Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/406

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ques pas de lui, une détonation d’arme à feu se fit entendre. Il tressaillit, se courba rapidement sur le pommeau de la selle, comme s’il eût été blessé ; puis, tournant vers l’endroit d’où le coup était parti, des yeux hagards et un visage altéré, il prononça quelques mots qui se perdirent dans un long murmure de surprise et d’effroi. Il eut toutefois la force de lever en l’air son chapeau pour saluer la foule, et il rassura son escorte au sein de laquelle il s’était replié. La consternation y était générale. Cette première tentative n’était-elle pas le signal ou le prélude d’une agression plus terrible ? Le cortège parut un moment disposé à rebrousser chemin. Cependant, après deux ou trois minutes d’hésitation, pendant lesquelles le général Pajol, le colonel Raffé, et-d’autres officiers supérieurs avaient recueilli à la hâte des renseignements erronés mais rassurants, on se remit en route. Le coup avait été tiré si près de la troupe de ligne formant la haie, que, personne n’ayant été atteint, on attribua d’abord toute cette alerte à l’explosion fortuite de l’arme d’un soldat ; opinion qui, un instant accréditée dans les groupes et parmi les agents de l’autorité, contribua sans doute à l’évasion du coupable, et de ses complices, s’il en existait.

Mais la vérité ne tarda pas à se faire jour. Une jeune femme, élégamment vêtue, avait chancelé, s’était évanouie, et, dans le cercle de curieux formé autour d’elle, on avait trouvé un pistolet récemment déchargé. Bientôt, à quelques pas de là, sur le milieu de la chaussée, que la foule avait envahie après le passage du cortège, un second pistolet