Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/420

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du présent nous revenons vers le passé, tout ceci nous semble un rêve. Hier encore je parcourais les tables du Moniteur, j’y trouvais indiquées ces journées fameuses, ces grands travaux, ces guerres gigantesques, toute la vaste entreprise du peuple français pour la conquête de ses droits. Je suivais cette trace lumineuse que le génie de la liberté a jetée sur les quarante années, nos contemporaines, et sur les événements qui, d’un pôle à l’autre, ont ébranlé la terre, ne laissant debout que la fortune des nations. Je voyais ce génie libérateur songeant à tous les peuples, faisant de leur cause sa cause, et pour les soutenir, choisissant la France, l’armant, l’inspirant, lui soufflant au cœur une énergie incroyable, et remplaçant dans ses veines tout ce sang qu’elle a prodigué.

Je voyais nos triomphes, puis nos revers, dignes encore de nous, montrant tous les bras de l’Europe tendus pour nous renverser ; puis, sous les Bourbons, la liberté fournissant à la tyrannie de sanglants sacrifices ; puis enfin les jours de juillet qui, au droit sacré du peuple, ajoutèrent le droit du plus fort.

Je pourrais compter peut-être tant de victoires et de désastres, tant de puissants travaux ; je pourrais recueillir ces leçons que la France a données au monde ; mais que trouverai-je pour résultat de ces enseignements, de ces efforts ? Rien que des hommes comme ceux qui nous gouvernent ; rien, que des lois comme celles qu’on vous demande d’appliquer.