Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/424

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M. Odilon Barrot n’eut pas de peine à montrer combien étaient peu sérieuses de pareilles sommations. Mais lorsqu’il rappela, d’un ton amer et avec un geste animé : la chambre du double vote maintenue, l’hérédité de la pairie disputée à l’opinion, l’abaissement du cens électoral contesté, la capacité en quelque sorte proscrite par la loi électorale ; lorsqu’il condamna hautement, dans les allures du gouvernement nouveau, les traditions de celui qui avait péri dans une tempête ; lorsqu’il affirma que la royauté voulue en juillet n’était pas une royauté s’appuyant sur des intérêts de famille, de caste, d’aristocratie, et vivant sous le patronage de l’étranger ; lorsqu’enfin il accusa les ministres de n’avoir su que continuer la Restauration, M. Odilon Barrot fit, à son insu, le procès de la monarchie, considérée dans son principe. Car une royauté ne saurait puiser dans son propre fonds ses moyens d’existence. Établie sur le plus exorbitant de tous les priviléges, il faut qu’elle ait à côté d’elle un corps privilégié qui la détende. On la détruit, si on l’isole ; on la rend superflue et onéreuse, si on ne lui donne pas, comme en Angleterre, une aristocratie à représenter. Toute royauté qui n’est pas un symbole est nécessairement une tyrannie, par cette raison bien simple qu’un pouvoir qui ne tire pas sa raison d’être du milieu dans lequel il vit, ne se conserve qu’à la condition de s’imposer. L’Opposition demandait, conséquemment, l’impossible, en demandant une royauté qui, selon l’expression de M. Odilon Barrot, « répondît à ce sentiment d’égalité qui était dans la société française. » Jamais doctrines politiques