Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/467

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n’eût pour l’armée les dispositions les plus bienveillantes ; mais autour de lui grondaient les ressentiments implacables éveillés dans l’âme des Belges par cette politique du cabinet des Tuileries, qui pour eux avait été pleine de tyrannie et d’insulte. Les Français reçurent bien sans doute, quelques témoignages particuliers de sympathie ; à Anvers, par exemple, un ancien militaire qui avait combattu sous notre drapeau, M. de Retz, offrit généreusement de consacrer sa maison aux blessés de notre armée. Mais il n’en, est pas moins vrai que nous eûmes tout à la fois contre nous, en Belgique, et ceux que nous y étions allés combattre et ceux que nous y étions allés secourir !

Il faut ajouter que, plus d’une fois le maréchal Soult, ministre de la guerre, ne craignit pas de susciter à nos généraux des contrariétés sans excuse. Dans son désir de faire tomber toutes les attaques dirigées contre lui, et de répondre aux erreurs propagées par les feuilles publiques, il se plaignait sans motif, tantôt du laconisme des rapports, tantôt de la lenteur des opérations ; ou bien, ouvrant l’oreille à des récits mensongers, il s’exposait à blesser profondément des hommes d’un dévouement inattaquable. C’est ainsi qu’il envoya le général Gourgaud sous les murs d’Anvers pour s’assurer si le général Neigre avait fait les approvisionnements de poudre nécessaires. La correspondance du général Neigre ne laissait aucun doute à cet égard, et il fut prouvé que la provision était beaucoup plus que suffisante. Justement irrité, le général Neigre offrit d’abord sa démission, mais, sur les représentations du général