Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/164

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chaîne, et la halte d’Ibrahim, changèrent encore une fois la face des choses. Les secours russes furent contremandés.

Sur ces entrefaites, l’amiral Roussin arriva, comme ambassadeur, à Constantinople. Il y apportait d’autres idées que M. de Varennes. Toute la politique de M. de Varennes avait consisté à écarter la Russie des rives du Bosphore, sans entrer précisément dans la question turco-égyptienne. L’amiral Roussin arrivait en Turquie avec des vues plus complètes ; il y arrivait résolu à la défendre tout-à-la-fois contre la Russie et contre Méhémet-Ali. C’était renoncer aux bénéfices que la France attendait de la consolidation de son influence en Égypte ; mais, outre que les éléments de cette influence avaient été fort mal analysés, le système de l’amiral Roussin avait L’avantage d’être net et logique. Puisqu’on ne parlait même pas de reconstituer par Méhémet-Ali l’unité de la Turquie et qu’on la regardait, maintenue dans son intégrité, comme une digue opposée aux Russes, comme un boulevard nécessaire de l’Europe occidentale, il fallait évidemment refouler Méhémet-Ali en Égypte : d’abord pour enlever tout prétexte aux Russes d’intervenir et ensuite pour empêcher l’irrémédiable affaiblissement de l’empire, coupé en deux.

Malheureusement, l’amiral Roussin ne devait être en Turquie que le représentant de ses propres idées. Par une insouciance vraiment inouïe dans les fastes de la diplomatie, pendant que le gouvernement français envoyait à Constantinople un ambassadeur pénétré de la nécessité de protéger Mah-