l’impuissance qui menace. L’amiral Roussin avait, pour toute flotte, le navire qui l’avait amené ; et le consul de France à Alexandrie, M. Mimaut, secondait de son mieux les vues du pacha d’Égypte. Enhardi par la faiblesse réelle de la France à Constantinople, faiblesse que dissimulait mal l’orgueil de notre attitude, et encourage par l’étrange désaccord qui régnait entre les représentants du Cabinet des Tuileries, Mébémet-Ali n’hésita pas à résister à notre ambassadeur. Dans une réponse mesurée, mais ferme, il lui fit savoir qu’il n’était pas le moins du monde disposé à perdre le fruit de ses conquêtes. En même temps il soumettait à l’attention des chancelleries de l’Europe une note dans laquelle il s’attachait à prouver que, sous l’administration anarchique du sultan, la Syrie n’était qu’une plaie creusée dans les flancs de l’empire ; que la Syrie ne pouvait redevenir prospère et forte que par l’action d’un gouvernement régulier, tel qu’était le gouvernement égyptien ; que c’était par conséquent bien mal servir les intérêts de l’empire ottoman, dont il était, lui Méhémet-Ali, le soutien le plus sincère, que de vouloir relever entre la Syrie et l’Égypte une barrière désormais impossible. Ce n’était là qu’un sophisme, mais il effaçait les projets ambitieux du pacha sous des apparences de modération et de sagesse qui devaient naturellement plaire à l’Europe, et qui ôtaient tout caractère de vaine bravade au refus dont l’amiral Roussin venait d’affronter l’humiliation.
Cette humiliation était grande et ne fut pas tout-à-fait compensée par l’heureux succès de l’é-