Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/205

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campagne révolutionnaire qu’on préparait à Genève, pour deux motifs : connaissant l’Italie, et instruit par ses correspondants de sa situation réelle, il ne voyait dans l’expédition de Savoie qu’une aventure sans issue ; et, d’un autre côté, il se défiait de certains hommes qu’on devait employer au succès de cette expédition. La vérité est que, parmi les complices de Mazzini, tous n’étaient pas guidés comme lui par de saintes croyances et par l’amour de l’humanité. Or, Buonarotti pensait que la vérité veut avoir pour défenseurs des soldats dignes d’elle, et que ceux-là seuls méritent de servir le peuple, qui peuvent lui faire honneur par leur vertu.

Cependant, Ramorino avait quitté Lyon et s’était rendu à Paris. Il fit savoir à Mazzini que ses démarches rencontraient des obstacles imprévus. Il demandait un mois pour les préparatifs. Plus tard, il en demanda un second, puis un troisième. L’impatience de Mazzini s’irritait de ces retards. Car le secret allait s’éventant ; les agents de police affluaient à Genève ; quelques réfugiés, qui ne vivaient que sur l’hospitalité économe des patriotes suisses, menaçaient de partir ; l’ambassade française faisait offrir aux Polonais venus de Besançon des secours et les frais de voyage, s’ils consentaient à rentrer en France ; le soupçon veillait au seuil de la conspiration, où avaient pénétré déjà le découragement et la fatigue… Il fallait agir. Pressé par les émissaires de Mazzini, le général Ramorino déclare enfin que rien n’est organisé à Lyon, qu’il se trouve assailli de difficultés insurmontables, et il rend