Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/21

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il laissait un libre cours à la licence de propos dont l’injure, pourtant, semblait devoir rejaillir sur sa famille. Et non-seulement il toléra le bruit qu’on faisait autour de lui du déshonneur présumé de sa nièce, mais il ne craignit pas de mêler à ce qu’on en disait ses propres conjectures et tous les détails piquants que lui fournissait sa mémoire sur les intrigues de l’ancienne Cour.

Les soupçons allaient grandissant : un accident survint qui était de nature à les confirmer. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, la prisonnière avait été atteinte de vomissements ; et une dépêche télégraphique en apporta aussitôt la nouvelle aux Tuileries. La duchesse de Berri, depuis son entrée à Blaye, n’avait eu d’autre médecin que M. Gintrac ; mais c’était un homme plein de savoir et de probité, dont elle estimait le caractère et dont les soins lui étaient chers. Le gouvernement aurait donc pu s’en reposer sur M. Gintrac de la santé de Marie-Caroline, d’autant que cette princesse avait déjà refusé de recevoir le docteur Barthez, chargé auprès d’elle d’une mission médicale, tout officielle. Les ministres en décidèrent autrement. Pour mettre leur responsabilité à l’abri, et peut-être aussi pour éclaircir un mystère dont pouvait tirer parti une politique implacable, ils résolurent d’envoyer deux médecins à Blaye, en leur donnant pour instructions patentes d’examiner ce qu’avait d’inquiétant la situation de la prisonnière, et les meilleurs moyens de guérison. Les deux médecins choisis partirent dans la nuit du 21 au 22 janvier : c’étaient MM. Orfila et Auvity : En annonçant leur départ, la