inutile d’ajouter qu’en France le gouvernement redoubla d’audace, bien convaincu que, de longtemps, le parti démocratique ne trouverait au-dehors un efficace et sérieux appui.
Bientôt tout sembla se préparer pour un lamentable dénoûment. Dans des articles passionnés, le Journal des Débats, organe de la Cour, soufflait au ministère les plus sinistres desseins, et à la bourgeoisie toutes les passions de la guerre civile. A l’entendre, pour sauver la société aux abois, il aurait fallu anéantir la presse populaire, mettre hors la loi la République, frapper au cœur le droit même d’association, et couvrir la personne royale d’un bouclier impénétrable à jamais. C’était encourager la résistance à se faire violente et désespérée, c’était ouvrir devant le pays une carrière de sang. Mais les hommes du pouvoir s’agitaient dans leur impatience. Troublés de rencontrer à chaque pas devant eux le parti républicain, poursuivis sans relâche de son qui-vive éternel, et, comme il arrive souvent, de l’excès de la peur précipités dans le vertige de l’audace, ils brûlaient de savoir au juste ce que renfermaient pour eux de périls les profondeurs de cette société qu’ils étaient aussi incapables de calmer que de conduire. Les républicains, de leur côté, sentaient l’imminence d’une agression et ne cherchaient plus qu’à s’assurer l’honneur de l’initiative. La lutte commença donc. On intenta au National, feuille républicaine, un procès fondé sur des chicanes grossières, et qui ne tendait pas à moins qu’à le ruiner en lui enlevant son titre. On attaqua le Populaire dans la personne de son rédac-