Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/229

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il aurait fallu porter hardiment la main sur les fondements du système qui avait rendu cette loi si monstrueusement nécessaire. C’est ce que l’Opposition dynastique n’osa pas. Aussi le triomphe du ministère fut-il complet. Divers amendements furent présentés par MM. Taillandier, Corcelles, Anglade, Glais-Bizoin, de la Rochefoucauld, Dubois (de la Loire-Inférieure), Teulon, Roger, Charamaule. Ils avaient tous pour but d’atténuer la portée funeste du projet : ils furent successivement rejetés par une majorité systématique ; et les associations n’eurent plus d’autre légitimité que celles que devait leur donner le bon plaisir des ministres, même celles qui auraient été fondées en vue de l’industrie, ou de la science, ou des lettres, ou de la religion, ou de la charité. Ainsi le voulurent 246 boules sur 400. Mais, du moins, la civilisation ne fut pas à ce point outragée sans avoir eu d’énergiques défenseurs. M. Glais-Bizoin s’attira l’honneur du rappel à l’ordre ; M. Berryer s’écria dans un de ces moments d’émotion qui faisaient si puissamment rayonner son visage et vibrer sa voix : « Il est quelque chose de plus hideux que le cynisme révolutionnaire, c’est le cynisme des apostasies » ; enfin, M. Pagès (de l’Arriège) fit entendre la protestation suivante, dont la loi contre les associations devait à jamais porter le stigmate : « Si un Français, homme de bien veut l’association pour propager et affermir le Christianisme, je suis son homme, malgré vos ministres et votre loi. Si un Français, homme de bien, veut une plus grande diffusion des lumières qui préparent la moralité de l’avenir et le bonheur