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à tous les pouvoirs impatients du succès. Le gouvernement n’était plus qu’un joueur désespéré : il jouait contre la chance de profiter d’un scandale, celle de rester écrasé sous le poids d’une calomnie.

Aussi vivait-il dans un état continuel d’inquiétude, interrogeant d’un œil avide chaque bulletin venu de Blaye, attentif à écarter de la prisonnière toute contrariété inutile, soigneux enfin d’une santé que l’égoïsme de sa politique lui faisait paraître doublement précieuse. Mais plus sa sollicitude était active, plus les légitimistes redoublaient contre lui de violence, affirmant que la citadelle de Blaye avait été donnée à la mère de Henri V pour prison tout à la fois et pour tombeau. Il fallait répondre à ces accusations sans cesse renouvelées ; le ministère obtint de MM. Orfila et Auvity un nouveau rapport qui, bien différent du premier, tendait à prouver la salubrité de la forteresse de Blaye[1]. Le premier rapport avait été signé par MM. Orfila Auvity, Gintrac, Barthez ; le second ne portait que les signatures de MM. Orfila et Auvity. Le premier avait été tenu dans l’ombre ; le second fut publié avec beaucoup d’empressement et d’éclat !

Mais le succès ne couronna point ces tristes supercheries d’un pouvoir qui, attaqué sans bonne ici, se défendait sans loyauté. Fier de la puissance que leur avaient supposée, dans la séance aux aveux, les déclarations insensées de MM. de Broglie et Thiers, les royalistes marchaient le front haut, plus menaçants dans leur attitude, plus arrogants par leur langage que lorsque la duchesse de Berri con-

  1. Voir aux documents historiques, n° 2.