Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/248

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À Lyon, depuis long-temps, l’effervescence était extrême, et tout concourait à y faire renaître, plus vaste et plus terrible, cette tempête de novembre dont la France sentait encore le frémissement.

L’insurrection de novembre avait pris le gouvernement au dépourvu. Aussi n’avait-il rien négligé, après sa défaite, pour en effacer la honte. Le chiffre de la garnison fut enflé outre mesure ; des troupes, répandues dans toutes les villes environnantes, se tinrent prêtes à marcher au premier signal ; la garde nationale fut brutalement désarmée ; des fortifications s’élevèrent autour de la cité, et les canons qui devaient la contenir ou la détruire, ne se trouvèrent séparés de l’Hôtel-de-Ville, situé dans le quartier le plus central et le plus riche, que par une distance de 1,500 à 2,000 mètres ; l’administration de la guerre acheta par surprise et restaura une grande muraille qui devait servir à isoler la Croix-Rousse, berceau de l’insurrection de novembre ; le pouvoir se ménagea des points fortifiés jusque dans l’intérieur ; en un mot, Lyon devint un champ de bataille préparé pour des combats prévus et inévitables. En même temps, l’autorité militaire semblait se complaire dans un étalage de forces aussi menaçant que fastueux. Souvent, il arriva aux Lyonnais de trouver, en s’éveillant, les places couvertes de soldats en armes. Il n’y avait dans toutes les âmes que trouble, terreur ou colère.

De son côté, le parti républicain, à Lyon, s’était accru et constitué. Il y marchait la tête haute et y prenait possession de la popularité, avec sa fougue ordinaire. À côté du Précurseur, feuille républicaine