Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/250

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novembre ! L’interdiction se formula dans un arrêté qui ne s’appuyait sur aucun texte de loi. Les commissaires du banquet déclarèrent l’arrêté illégal et poursuivirent leurs préparatifs. Mais tout-à-coup une agitation d’une nature mystérieuse éclate. Des visages inconnus et sinistres paraissent sur les places, des clameurs imbéciles retentissent, et la ville est inondée de fausses circulaires, les unes calomniant la faiblesse de la commission du banquet, les autres calomniant son audace. La police avait-elle excité ce mouvement ? Les commissaires en restèrent convaincus ; et bien décidés à ne pas franchir les limites de la loi, ils ajournèrent le banquet au 12 mai, après avoir fait rédiger par quatre avocats du barreau lyonnais une consultation dans laquelle l’illégalité de l’arrêté préfectoral était démontrée. On veut la signifier au préfet par huissier : pas d’officier ministériel qui ose se charger de la signification. On se pourvoit auprès du procureur du roi, M. Chégaray : il répond que tout huissier qui signera l’exploit sera destitué. Les voies légales étaient épuisées ; la police avait fait prévenir le propriétaire du jardin désigné pour le banquet, que sa propriété serait militairement occupée ; des milliers de soldats allaient être mis sur pied ; il ne restait donc plus aux commissaires que l’appel aux armes ! Ils reculèrent devant l’effusion du sang. Mais à l’attitude des républicains, à l’énergie de leurs protestations, à leur orgueil indompté, à l’importance des ressources qu’il avait fallu déployer contre eux, on pouvait juger déjà de leur empire.

Quelques jours après, le gérant de la Glaneuse