Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/26

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Chacun demande à s’inscrire, chacun réclame pour lui l’honneur du premier combat. Une liste de douze noms avait été déposée par les légitimistes au National et à la Tribune, et, sur cette liste, Armand Carrel avait choisi le nom de M. Roux-Laborie. Mais, en matière de combat, les républicains n’acceptaient pas de représentant, et tous insistaient pour que la lutte eût un caractère de généralité plus conforme à la vivacité de la colère qui les animait. Ils opposèrent donc, et au National et à la Tribune, douze noms aux douze qui leur avaient été présentés, déclarant qu’ils voulaient, non pas d’un combat collectif, d’une affaire de champ-clos, ce qui eût été impraticable, mais d’un combat divisé en douze rencontres, à des heures et dans des lieux différents. Après plusieurs pourparlers et correspondances, les légitimistes refusèrent de souscrire à ces conditions.

La lettre suivante, adressée au Revenant, par MM. Godefroi Cavaignac, Marrast et Garderin, donnera une idée de cette lutte singulière où semblait revivre l’esprit du moyen-âge.

« Nous vous envoyons une première liste de douze personnes. Nous demandons, non pas douze duels simultanés, mais douze duels successifs, dans des temps et lieux dont nous conviendrons facilement. Point d’excuses, point de prétextes qui ne vous sauveraient pas d’une lâcheté, ni surtout des conséquences qu’elle entraîne. Entre votre parti et le notre, désormais la guerre est engagée par un combat. Plus de trêve, que l’un des deux n’ait fléchi devant l’autre. »

A l’âpreté de ce langage, on peut juger à quel point le parti républicain avait dû être surpris qu’on l’eût osé menacer. Parmi les royalistes, les hommes éclairés sentirent qu’une grande faute