Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/274

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Elle respirait la colère, et pourtant ce n’était pas un appel aux armes. Malheureusement, l’effervescence des esprits croissait d’heure en heure… Hélas ! à l’entrée de cette route environnée de ténèbres et dans laquelle on va se heurter, peut-être, à tant de cadavres combien voudraient s’arrêter ! Combien se sentent troublés, troublés jusqu’au fond du cœur ! Mais règle-t-on les tempêtes, quand elles vous portent dans leurs flancs ?

Seul, le pouvoir aurait étouffé ou ; du moins, éloigné la crise, s’il l’avait voulu : tout concourt, à prouver qu’il ne le voulut pas ! En vain le président du tribunal, M. Pic, demande-t-il que l’affaire des mutuellistes soit transférée à un autre tribunal, droit que la loi a mis en réserve pour certaines circonstances graves ; la demande de M. Pic est repoussée. Pour frapper un grand coup à Lyon, pour y terrasser la république, l’occasion n’avait jamais été plus favorable, et l’on s’était mis en état d’en profiter. Quinze bataillons, quatre compagnies, sept escadrons dix batteries d’artillerie deux compagnies du génie, c’est-à-dire près de dix mille hommes, voilà sur quelles forces le pouvoir était appuyé, sans compter les secours que devaient envoyer, durant le combat, les garnisons les plus voisines. Dans la journée du 8 avril, le rédacteur en chef du Précurseur, M. Petetin était allé trouver le préfet, pour apprendre ce qu’annonçaient de sinistre des préparatifs dont toute son âme était émue. M. Petetin avait constamment repoussé l’idée d’une insurrection, même éloignée : on y touchait, et son anxiété était immense. M. Gasparin le reçut