Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Favre s’arrête. Avocats, juges, accusés, assistants, tous ont pâli, tous sont debout. Bientôt, dans la cour du tribunal on apporte un homme couvert de sang. « C’est, disent ceux. qui l’accompagnent, c’est un insurgé qu’un gendarme vient de tuer faisant une barricade. » Et ils s’empressent autour du blessé. Mais quelle est leur surprise lorsque, sous ses vêtements entrouverts, ils aperçoivent la ceinture de l’agent de police ! Ce malheureux se nommait Faivre, et il ne tarda pas à rendre l’âme. Ainsi, c’était du sein des troupes qu’était parti le premier coup de feu, et c’était la police qui fournissait la première victime !

Le signal venait d’être donné. Les soldats du 7e s’élancent sur la place. Refoulés dans les rues adjacentes, les ouvriers s’y entassent en fuyant ; ceux-ci cherchent à regagner leurs quartiers ; ceux-là s’arrêtent au détour des rues pour les fermer par des barricades ; d’autres, dans l’indécision de leur colère, courent ça et là, éperdus et muets. Dans la maison où se sont réunis MM. Martin, Albert, Hugon et Sylvaincourt, un chef de section est accouru, disant « Nous ne pouvons plus retenir nos hommes. Ils s’agitent furieux ; ils veulent combattre. » Une voix s’écrie alors : « Eh bien, qu’ils descendent sur la place publique. » Au point où en étaient les choses, l’importance d’un pareil ordre était nulle. Loin d’avoir donné le signal du mouvement, le comité s’était vu emporté par lui. Mais enfin, si le pouvoir eût voulu et cru prévenir l’insurrection par l’arrestation des membres du comité, rien ne lui eût été plus facile que de les faire arrêter. Car