Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donnée follement à une femme vaincue, sans la force morale dont ils l’ont investie en la plaçant au-dessus des lois, sans le ridicule aveu qu’ils ont fait des terreurs que le parti légitimiste leur inspire, jamais ce parti n’en serait venu à déployer un tel excès de hardiesse. Et, sous le coup de ces reproches, les partisans du ministère se montraient humiliés, confondus ; car l’insulte adressée à la révolution de juillet était flagrante et ne pouvait être niée. Quant aux républicains, ils continuaient à se réunir tumultueusement ; mais la vengeance était chez eux un sentiment plein de noblesse. Dans l’emportement de leur indignation, des hommes du peuple s’étaient dirigés sur la Gazette de France, dont ils voulaient briser les presses : ils furent retenus par un républicain, M. Ferdinand Flocon, lequel harangua cette multitude furieuse et lui fit honte de sa violence. Toutefois, dans les bureaux de la Tribune, on arrêta la publication du manifeste suivant, qui eut pour effet de mettre un terme aux réunions légitimistes dont divers points de la capitale avaient été jusqu’alors le théâtre, manifeste véhément et bizarre où se révèle l’esprit de l’époque, et qui montre tout ce qu’il y avait alors d’incapacité dans le pouvoir, d’impuissance dans les lois, d’orgueil dans les partis, d’anarchie dans la situation :

« Messieurs, vous ne voulez pas qu’on parle mal de la duchesse de Berri. Vous dites que c’est une femme, une femme malheureuse et captive, une mère privée de ses enfants ; vous dites qu’on doit des égards au sexe, à la faiblesse, au malheur. Vous vous portez ses champions.

Et nous, ayant pris part à la révolution de juillet, nous vous