connaître l’esprit : « Le gouvernement ne voudra pas que le triomphe de l’ordre coûte des larmes et des regrets. Il sait que le temps, qui efface insensiblement la douleur que causent les pertes personnelles les plus chères, est impuissant à faire oublier les pertes de fortune, les dévastations matérielles. » Voilà ce qu’était devenue la classe la plus importante de la société, sur une terre de chevaliers et de poètes !
Du reste, il était constaté, dans la note, que la garde nationale, à Lyon, se trouvant dissoute, la ville avait été placée, pour sa défense, sous une juridiction purement militaire ; que l’isolement des citoyens y avait été complet, et la circulation rigoureusement interdite ; qu’il avait été défendu, sous peine de mort, aux habitants, d’entr’ouvrir leurs portes ou leurs fenêtres ; qu’en un mot, la garnison avait suppléé à sa force numérique par la dévastation et l’incendie.
Pendant que le mouvement de Lyon s’éteignait, une insurrection militaire se préparait à Lunéville. Enlever les trois régiments de cuirassiers en garnison dans cette ville, courir le sabre à la main sur Nancy et sur Metz, y soulever le peuple au cri de vive la république ! et pousser droit à Paris en faisant rouler devant soi le flot sans cesse grossissant des populations et des troupes révoltées, tel était le dessein qu’avaient formé les sous-officiers Thomas, Bernard, Tricotel, de Regnier, Lapotaire, Birth, Caillé, Stiller, tous hommes de résolution et de courage. Le 12 avril (1834), jour où la guerre civile brûlait à Lyon ses dernières amorces, tout était disposé, à Luné-