la Rosa, ce double rapprochement suffit. Aussi le statut royal ne fut-il adopté qu’après avoir subi les plus rudes attaques. Une opposition non moins vive se déclara contre le décret qui organisait les milices. On reprocha au ministère espagnol d’avoir restreint aux communes de 700 feux le droit de posséder une milice ; on lui reprocha d’avoir fermé aux citoyens les plus pauvres les rangs de cette armée nationale, exclusion offensante pour le peuple, et qui semblait livrer la révolution sans défense au carlisme redoublant de vigueur et multipliant ses coups. Le reproche était juste, quoiqu’empreint d’exagération. Le gouvernement des tempêtes n’appartient pas à ceux qu’elles font pâlir. Les révolutions ne se sauvent que par l’emploi de toutes leurs ressources ; trop de circonspection les compromet, la défiance les perd. Quant aux accusations que M. Martinez de la Rosa encourut pour avoir voulu mettre un frein à la licence des journaux, elles manquaient de bonne foi ou d’intelligence. La liberté de la presse est la force dans la paix ; c’est, s’il est permis de s’exprimer ainsi, le mouvement des sociétés au repos. En temps de guerre civile et au milieu du choc des factions armées, la liberté absolue de la presse est le commencement de l’impuissance, parce qu’elle est l’aliment de l’anarchie. Quoi qu’il en soit, les tendances que révélaient les mesures prises par le ministère espagnol étaient évidemment de nature à créer entre lui et le cabinet-des Tuileries une communauté d’intérêts de plus en plus étroite. Mais, quoique ami de la France, M. Martinez de la Rosa ne pouvait la savoir si près de lui sans
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