Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux commentaires insultants de la multitude. Ainsi, elle avait compté en vain sur cette solidarité d’honneur qui règne entre parents, même dans les conditions obscures, et qui, protégeant les familles, les sauve du scandale par le secret.

Mais cette révélation des faiblesses d’une femme n’était pas seulement honteuse, elle était impolitique ; car l’avantage momentané que les ministres pouvaient retirer de la déconsidération du parti légitimiste était loin de racheter le tort durable qu’ils faisaient au principe monarchique par l’avilissement d’une maison de rois.

Aussi bien, l’effet trompa les prévisions du pouvoir. Aux yeux de tous les gens honnêtes, le scandale de la faute avouée fut comme couvert par celui de la publicité qu’on lui donnait. Les républicains ne s’élevèrent que contre l’atteinte portée par le pouvoir à la sainteté des liens du sang, aussi généreux à l’égard de la princesse captive qu’ils venaient de se montrer terribles à son parti. Pour ce qui est des légitimistes, ils nièrent l’authenticité de la déclaration, et prétendirent que la duchesse de Berri venait d’être indignement calomniée à la face de l’Europe.

Les ministres durent comprendre alors à quelles nécessités misérables ils s’étaient eux-mêmes condamnés. Accusés de fraude et d’imposture, il ne leur restait plus, pour se disculper, qu’à prouver par acte authentique la grossesse de la duchesse de Berri. Et comment l’obtenir, cette preuve, sans descendre à tout ce que la persécution peut présenter de plus tyrannique et de plus vil ? Il leur était