Telles furent les véritables causes de sa chute : voici quelle en lut l’occasion.
Les esprits étaient fort occupés alors des affaires d’Afrique[1]. Notre conquête s’y traînait péniblement depuis 850 et ne s’y installait pas. Le courage des soldats s’y fatiguait à poursuivre, dans des expéditions sans nombre et sans fruit, des cavaliers rapides, maîtres de l’espace et gardiens insaisissables d’un sol brûlant. Il nous en coûtait beaucoup d’or, et le plus pur de ce sang généreux qui a toujours bouillonné dans les veines de la France. D’ardentes préoccupations s’ensuivirent. On se demanda si le mal ne venait pas de la fréquence excessive des excursions, et, par conséquent, de la prédominance de l’esprit militaire en Afrique. On se demanda s’il ne serait pas bon pour asseoir enfin notre conquête à Alger, d’y envoyer un gouverneur civil duquel relèveraient les généraux. Cette opinion se fortifia, s’étendit, s’empara de la Chambre après avoir envahi la presse. Elle servait indirectement les vues ou, plutôt, les répugnances des doctrinaires, à l’égard de l’Afrique. « Alger, disait M. de Broglie, est une loge à l’Opéra. La France est assez riche assument pour avoir une loge à l’Opéra ; mais celle-là lui coûte trop cher. » Or, depuis que M. de Broglie était sorti du Conseil, ses dégoûts y étaient représentés par M. Guizot, son ami. Quant à M. Thiers,
- ↑ Si nous n’avons pas encore parlé de nos expéditions en Algérie, c’est parce qu’il nous a paru convenable pour éviter la confusion des faits, de rejeter à la fin de l’ouvrage, l’histoire de la France à Alger, depuis la conquête. Aussi bien, cette histoire forme par sa nature un tableau tout-à-fait à part.