Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/35

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avoir d’autant plus de poids, que l’état moral de la duchesse de Berri ne peut aujourd’hui que recevoir des impressions de plus en plus fâcheuses par l’effet d’une détention prolongée. »

La conclusion était claire, et il est à remarquer que, parmi les signataires de ce rapport : MM. Canihac, Grateloup, Bourges, Gintrac, se trouvait M. Méniere, que le gouvernement lui-même avait donné pour médecin à la princesse, sur la présentation de M. Orfila.

Les ministres avaient donc de puissants motifs pour ne pas prolonger la captivité de la duchesse de Berri jusqu’au moment qui suivrait ses couches ; et, d’un autre côté, ils ne voulaient point la mettre en liberté avant d’avoir obtenu, de sa grossesse, une preuve éclatante, authentique, qu’ils pussent victorieusement opposer aux dénégations du parti légitimiste.

Les choses en étaient là lorsque l’accoucheur de la duchesse de Berri, M. Deneux, demanda l’autorisation de se rendre à Blaye. Il y fut décidé par des considérations que son parti n’approuva point et qui étaient cependant honorables. Il pensa que, si sa demande était rejetée, le fait de la grossesse serait démenti par ce refus ; que si, au contraire, elle était admise, sa mission équivaudrait à un désaveu formel de la protestation attribuée jadis à Louis-Philippe contre la légitimité du duc de Bordeaux. On se rappelle à quels doutes avait donné lieu la naissance du duc de Bordeaux ; ces doutes, après la révolution de juillet, avaient été habilement accrus et envenimés par les partisans de Louis-Philippe ;