réunis, le matin, dans la cour du milieu où ils se promenaient paisiblement, ils entendirent tout-à-coup un cri d’alerte, et aperçurent des officiers de police, des sergents de ville et des gardes municipaux qui venaient se ranger en bataille devant eux ! La résistance eut-elle été possible, personne n’y songeait. Mais cette apparition de baïonnettes ne faisait qu’annoncer l’ordre de transfèrement et la présence de l’inspecteur Olivier Dufresne. En vain M. Guinard essaya-t-il de demander, au nom de ses camarades, quelques explications. L’ordre fatal ne tarda pas à être donné et devint le signal de brutalités inouïes. Seul en face des exécuteurs de la police, chaque prisonnier est arraché de sa cellule, meurtri de coups, précipité dans les escaliers, et poussé dans la cour à coups de crosse ou de bâton. Indigné, M. Guinard avait déclaré qu’il n’ouvrirait sa porte qu’au directeur : la porte est enfoncée. Plusieurs agents de ville fondent sur le prisonnier en écumant de rage. Protégé par sa vigueur et son intrépidité, il résiste long-temps ; mais enfin, accablé par le nombre, il est terrassé, chargé de liens et porté dans un fiacre qui l’attendait au sortir de la prison. Parmi ses compagnons, les uns sont saisis par les cheveux, les autres poursuivis à la baïonnette. Toute la prison retentit de ce cri : A l’assassin ! M. Landolphe était retenu au lit, depuis deux mois, par une maladie grave. On l’arrache de son lit et on le force à traverser la cour, pâle, décharné, les vêtements en lambeaux, le sang lui sortant des narines et de la bouche. À cette vue, le compagnon de captivité de M. Landolphe et son
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