Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/363

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laquelle appartiennent les prévenus d’avril, tous hommes de juillet, une Chambre que la révolution de juillet a traitée elle-même en prévenue ; qu’elle a dépouillée de son hérédité, privée de ses plus importantes prérogatives ; qu’elle a traduite à la barre de la démocratie ; qu’elle en a renvoyée à demi-convaincue de complicité avec la Restauration, et qu’elle fait trembler tous les jours encore en lui redemandant le maréchal Ney, juridiquement assassiné par ses émigrés, ses hommes de Gand, et ses renégats de la révolution, parvenus de l’ordre militaire et civil.

Non, aux yeux de l’éternelle justice, aux yeux de la postérité, au témoignage de leur propre conscience, les vieux sénateurs de Bonaparte, ses maréchaux tarés, les procureurs-généraux, les ennoblis de la Restauration, ses trois ou quatre générations de ministres tombés sous la haine et le mépris public et couverts de notre sang, tout cela rajeuni de quelques notabilités jetées la par la royauté du 7 août, à la condition de n’y jamais parler que pour approuver ; tout cet ensemble de servilités d’origines si diverses n’est pas compétent à prononcer sur la culpabilité d’hommes accusés d’avoir voulu forcer les conséquences de la révolution de juillet. Tel n’a pas été le sentiment de la commission de la Chambre des pairs chargée de présenter le rapport dont nous avons déjà publié plusieurs extraits plus étonnants les uns que les autres. Le chapitre par lequel nous allons terminer nos citations a pour objet d’établir la compétence de la Chambre. On attribue ce travail à M. Portalis, ancien ministre de la résistance sous Charles X. Nous demanderons permission à M. Portalis d’en rougir pour lui. (Suit l’extrait du rapport.)

On pense bien que nous ne pouvons pas laisser passer ce ramas d’hérésies constitutionnelles, de violations de tous les principes de droit criminel admis chez les peuples civilisés, ces sophismes niais, ces vieilleries de justice prêvotale, ces âneries de Bridoison, conseiller de chambre étoilée, sans les accabler de l’inexprimable dégoût que tous les cœurs honnêtes que tous les esprits éclairés éprouveront à une telle lecture. Il n’est pas besoin d’indiquer l’objection de sens commun, de vérité, de pudeur qui naît à chaque phrase de cette indigne rapsodie. Mais l’étendue de ce document qui caractérise si bien l’abjecte apostasie appelée pompeusement à la tribune législative système de résistance, nous oblige à renvoyer nos observations à un