Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/373

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M. Fonfrède, que le roi n’avait pas encore gagné en lui accordant l’honneur de correspondre directement avec lui, M. Fonfrède attaqua la brochure Rœderer avec une verdeur de style peu commune ; la Chambre, enfin, s’émut profondément de l’atteinte dont on osait menacer sa prérogative.

Aux avant-postes du parti parlementaire marchait M. Duvergier de Hauranne, homme remarquable par une grande netteté d’idées, un penchant marqué pour la lutte, une éloquence substantielle, et une finesse d’esprit qu’ennoblissait l’élévation de son cœur. Né dans une famille qui avait donné l’abbé de Saint-Cyran au jansénisme, M. Duvergier de Hauranne avait des qualités qui rappelaient parfaitement son origine. Ennemi des gens de Cour, l’indépendance des vieux parlements à l’égard de la Couronne, et leur dédain à l’égard du peuple, revivaient en lui également. Du reste, il s’obstinait plus que personne dans des illusions vraiment étranges. Il aurait désiré que la France constitutionnelle se posât devant l’étranger dans une attitude fière, dans une attitude courageuse sans provocation, prudente sans faiblesse ; et il ne s’apercevait pas qu’un gouvernement ne saurait faire acte de puissance à l’extérieur, lorsque, partagé au-dedans entre deux forces rivales, il en est réduit à s’user rien que pour vivre victime d’une oscillation sans fin ! Il aurait désiré, précisément pour obvier aux inconvénients de ce dualisme, source intarissable d’anarchie, que la majorité des Chambres gouvernât par le moyen des ministres, à l’ombre d’une royauté au repos ; et il ne s’apercevait pas que