Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/385

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rapporter au témoignage d’hommes graves, de personnages initiés, par leur position, aux plus secrets détails de la politique, il se passa des choses d’une nature étrange.

Sur le brick le d’Assas, qui portait en Amérique les dépêches du gouvernement français, un mystérieux émissaire s’embarqua. Il était chargé d’une mission particulière, indépendante des instructions ministérielles, et qui avait même pour but d’en détruire l’effet. On s’était bien gardé de mettre M. Serrurier dans la confidence. Aussi dut-il être extrêmement surpris de l’accueil fait par le gouvernement américain aux dépêches venues de France. Quelque émouvant que fût leur contenu, on les reçut avec une indifférence railleuse qui prouvait que, sous main, on venait d’être averti qu’il n’y avait pas à les prendre au sérieux. Et en effet, à dater de ce moment, les dispositions du gouvernement américain parurent notablement modifiées, comme s’il eut appris qu’il suffisait d’avoir fait étinceler de loin le glaive, et qu’il était bon de ne pas envenimer la querelle en poussant plus loin la menace.

Le congrès, sans désavouer les paroles du général Jackson, avait cru devoir attendre, pour s’y associer avec éclat, le résultat des efforts que ferait le roi des Français pour assurer la pleine et entière exécution du traité ; et tel avait été, en propres termes, le langage tenu dans le sénat par M. Clay, président du comité diplomatique. Après l’arrivée du brick le d’Assas, et malgré la réception outrageante faite par la multitude aux officiers français, malgré la