Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/443

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rois, et il ne vous restait rien. Vous, vous n’avez pas vaincu le peuple, et que vous nous considériez ou non comme ses otages, notre situation personnelle nous occupe fort peu, soyez-en sûrs.

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Qui donc se refuserait à voir dans ce qui se passe les éclatantes prédictions de ce qui se prépare ? Une aveugle fureur égare tous les pouvoirs. Il n’y a plus de législateurs, il n’y a plus de juges, mais partout des ennemis qui se vengent. Après la révolution la plus magnanime, et quand les mœurs deviennent plus douces d’heure en heure, on n’hésite pas à demander 163 têtes. Et qu’on ne s’y trompe pas vainement essaierait-on de touchantes homélies après cette réquisition sanguinaire. Personne n’a oublié que l’échafaud a été dressé depuis 1830 pour les condamnés Lepage et Cuny, et que c’est le peuple qui l’a renversé.

Il y a cinq ans, M. Persil réclamait la tête du noble prince de Polignac pour le compte de la révolution. Aujourd’hui l’un de ses subdélégués demande les têtes de ceux dont il devait écrire l’histoire par décision du gouvernement révolutionnaire de 1830.

Il y a ici tel juge qui a consacré dix ans de sa vie à développer les sentiments républicains dans l’âme des jeunes gens. Je l’ai vu, moi, brandir un couteau en faisant l’éloge de Brutus. Ne sent-il donc pas qu’il a une part de responsabilité dans nos actes ? Qui lui dit que nous serions tous ici sans son éloquence républicaine ? J’ai là, devant