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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/446

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ne fut ni aussi hardi ni aussi terrible que M. Trélat. Il se défendit, ce que M. Trélat n’avait pas daigné faire, et les attaques qu’il dirigea contre la pairie ne furent pas tout-à-fait exemptes de ménagements. Tout en maintenant l’esprit de la lettre, il parut disposé à faire bon marché des formes, et il reconnut qu’à en juger par ce qu’il voyait depuis trois jours, les pairs valaient mieux que leur institution. Du reste, et pour ce qui concernait le fond même du procès, il fut inflexible. « Vous ne pouvez juger, dit-il, les accusés sans les entendre. Et si vous les jugiez en leur absence, écoutez ce qui se passerait. Avant qu’il fut dix ans, le jardin du Luxembourg serait agrandi de tout l’espace occupé par votre e palais, et sur les ruines de votre salle de justice, le peuple planterait un poteau où se liraient ces paroles : L’infamie du juge fait la gloire de l’accusé. » En terminant, il ajouta : « Si l’amende m’atteint, je mettrai ma fortune à la disposition du fisc, heureux de consacrer encore à la défense des accusés ce que j’ai pu gagner dans l’exercice de ma profession. Quant à la prison, je me rappelle le mot de cet autre républicain qui sut mourir à Utique : « J’aime mieux être en prison que de siéger ici à côté de toi, César. »

Après la plaidoirie de M. Michel (de Bourges), la Chambre des pairs se forma en comité secret, et, se déclarant offensée, elle condamna M. Trélat à trois ans d’emprisonnement et à 10, 000 fr. d’amende MM. Michel (de Bourges), Bichat, gérant de la Tribune, et Jaffrenou, gérant du Réformateur, à un mois d’emprisonnement et à 10, 000 fr. d’amende ;