Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/45

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l’entrevue qui vient d’être racontée, qu’il convenait d’attendre. Il ne se doutait pas que le retard paralyserait les efforts de son dévoûment ![1]

Rien ne fut changé, en effet, aux mesures dont la sévérité avait si cruellement pesé jusqu’alors sur la duchesse de Berri. Isolée, inquiète, troublée intérieurement des rumeurs de son parti, dont il lui semblait quelquefois entendre comme un écho lointain, elle désirait qu’on lui donnât pour conseils M. Hennequin et M. de Chateaubriand : elle en fit la demande[2]. On parut disposé à satisfaire à ses désirs, mais on y mit, pour condition, qu’elle fit prendre à ces Messieurs l’engagement d’affirmer sa grossesse. C’était lui imposer une loi aussi dure qu’inconvenante : elle refusa de s’y soumettre ; et sa demande, transmise à Paris par le télégraphe, fut rejetée. En même temps on chargeait le général Bugeaud de lui faire connaître certaines particularités tendant à lui rendre son parti odieux. Ce

  1. On assure que M. de Choulot se propose de publier ce qui s’est passé en cette occasion plus complétement que ne nous a permis de le faire une discrétion dont nous avons dû respecter les motifs.
  2. Voici la lettre qu’elle écrivit, à ce sujet, au général Bugeaud.

    « J’ai voulu réHëchir pendant plusieurs jours, M. le général, à nos diverses conversations. Je me suis convaincue que, malgré mon vif désir de ma mise en liberté, je ne pouvais me décider à faire au gouvernement aucune proposition, sans m’être consultée avec quelquesuns de mes amis je me réduirai à deux mais, bien entendu, j’aurai la possibilité de les voir sans témoins. Si le ministre y consent, j’écrirai à M. le vicomte de Chateaubriand et à M. Hennequin, pour leur demander de se rendre près de moi à Blaye. J’ai tout lieu d’espérer que les propositions que je serai dans le cas de leur soumettre auront leur approbation. Le gouvernement, dans cette hypothèse, en recevrait communication. Je vous prie de faire connaître mon désir au président du conseil. Ma demande vous prouvera, général, que j’ai su apprécier vos bonnes intentions à mon égard. Je ne cesserai de vous en conserver une véritable reconnaissance.

    Marie-Caroline. » _____