Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/451

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tifs se faisaient dans l’intérieur de Sainte-Pélagie, prison assignée aux accusés parisiens. Dans la partie de la prison appelée bâtiment de la dette, et à peu de distance de l’escalier qui conduisait aux cabanons des détenus, il y avait un caveau faisant face à la porte de la cour, dont il n’était séparé que par un très petit corridor. Quelques détenus, parmi lesquels MM. Guinard, Cavaignac, Armand Marrast, avaient remarqué ce caveau ; ils le jugent propre à une évasion, et se procurent aussitôt le moyen d’y pénétrer. Malheureusement, le regard des gardiens plongeait sans cesse dans le corridor, la porte de la cour restant ouverte à toute heure : on trouva dans l’organisation d’un jeu de balle des prétextes suffisamment plausibles pour la fermer au besoin, sans éveiller le soupçon. La sœur d’un détenu apporta sous sa robe les instruments qu’exigeait le percement du caveau, et les travaux commencèrent. Pour échapper au danger des indiscrétions, les premiers artisans du projet s’étaient abstenus de mettre dans la confidence le plus grand nombre de leurs camarades ils s’étaient adjoint seulement Fournier, homme d’une adresse et d’une agilité singulières. Un succès inespéré couronna l’entreprise. Pendant que les uns travaillaient dans le caveau, à la lueur d’une lampe toujours prête à s’éteindre, les autres faisaient sentinelle au dehors, habiles à détourner l’attention de leurs co-détenus et à déjouer par mille ruses diverses la surveillance des gardiens. Par une heureuse coincidence, des ouvriers avaient été introduits dans la prison pour des réparations urgentes, et le bruit qu’ils faisaient servait à cou-