Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’en est fait : les fugitifs sont réunis dans le caveau. Mais ils s’y agitent, ils s’y coudoient dans l’obscurité la plus profonde ; et, tout étourdis d’une nouvelle aussi peu attendue qu’inexpliquée, plusieurs se demandent s’ils ne sont pas les jouets d’une sorte de fantasmagorie lugubre. M. Landolphe avait eu soin de se munir d’un briquet phosphorique : une lampe s’allume tout-à-coup dans ces ténèbres, et elle n’éclaire de ses rayons vacillants que des visages étonnés, couverts de pâleur. On eût dit une assemblée de fantômes. Seul désormais M. Guinard était attendu. Il fait à MM. Étienne Arago et Klein le signal du départ et court rejoindre ses compagnons.

Avant d’aller plus loin, on envoya MM. Rozière, Vilain, Fournier, Landolphe, percer la croûte qui fermait encore la sortie du souterrain. Cette besogne fut faite en peu d’instants et parut durer des siècles. « C’est fini, » s’écria enfin M. Landolphe, du fond de l’excavation. Alors les fugitifs se mirent à ramper, l’un après l’autre, dans la voie sombre, étroite, étouffante, qui devait les conduire à la lumière. Ils avaient à passer sous le chemin de ronde, et sur leur tête ils entendirent, mêlé au bruit de la marche pesante des sentinelles, le retentissement des fusils frappant le sol. Ils arrivent ainsi, et successivement, jusqu’à l’issue qui leur a été ménagée, gagnent le jardin, se dirigent vers la maison. Quelle que fut leur audace, ils s’avançaient avec précaution, avec inquiétude. Car le ciel était clair, et ils avaient aperçu, au faîte de la prison, un factionnaire qui, l’œil fixe, le corps penché en avant, les observait dans l’attitude de l’indécision et été la menace. Mais bientôt