Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/463

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malheur, à certains hommes indignes d’y prendre place. De là un mélange sans exemple : le désintéressement, l’ardeur de connaître, l’ignorance, l’habitude de dénigrer, l’envie, le courage, le mépris de la mort, le désir de briller, la modestie du dévoûment poussée jusqu’à l’héroïsme. Un pareil amalgame d’éléments opposés pouvait-il ne pas entraîner la ruine du parti ? Par les vices des uns, les vertus des autres étaient, ou frappées d’impuissance, ou calomniées. Si donc le parti républicain succomba, c’est que ses ennemis l’emportèrent sur lui par l’habile combinaison de leurs vices et l’ensemble de leur corruption. Et voilà comment il en vint à se disperser, à se dissoudre, ne laissant après lui, pour le juger, que l’intolérance de la sottise ou de la haine. Du reste, les individus ne sont que des instruments destinés par Dieu à s’user et à se rompre au service des idées. Au moment même où l’on croyait le parti détruit en France pour jamais, il se trouva que l’opinion qu’il avait personnifiée se déployait avec une puissance nouvelle. Pourquoi s’en étonner ? Parmi les républicains, nous l’avons dit, plusieurs étaient des hommes spirituels, brillants, d’une bravoure chevaleresque, toujours prêts à se dévouer, pleins de gaîté dans le péril, et reproduisant avec plus de fidélité, plus d’éclat, que le parti légitimiste lui-même, l’ancien type national ; mais, à côté de ceux-ci, on put compter quelques absurdes tribuns, quelques gens sans aveu, des traîtres dont la police salariait la turbulence ; et ces derniers, quoique formant la minorité, suffirent pour discréditer la cause républicaine, en rendant le parti tout entier responsable de leurs folles pré-