Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/478

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milieu des plus ardents témoignages de sympathie et d’enthousiasme. Réaction bien naturelle et qui, pour la centième fois venait prouver que la théorie de l’assassinat n’est pas moins stupide qu’odieuse ! Car, même en admettant le succès, nous l’avons déjà dit dans ce livre et nous le répétons : quand le mal existe, c’est qu’il est dans les choses, et là seulement il le faudrait poursuivre ; si un homme le représente, en faisant disparaître cet homme, on ne détruit pas la personnification, on la renouvelle : César assassiné renaquit plus terrible dans Octave.

Des personnages graves ont raconté, d’après le maréchal Maison, et pour donner une idée du sang-froid de Louis-Philippe, qu’ayant entrevu tout d’abord le parti qu’il était possible de tirer de la situation, il avait dit, au plus fort des préoccupations nées de l’attentat : « Maintenant, nous sommes surs d’obtenir nos apanages. » Mais on ne doit accueillir ce fait, qu’avec la défiance que mérite tout ce qui est invraisemblable.

Cependant, au moment de la détonation, on avait vu des flots de fumée s’échapper d’une fenêtre du troisième étage de la maison n° 50. Un homme s’y élança, saisit une double corde qui s’y trouvait suspendue, et se laissa glisser jusqu’au niveau d’un petit toit. L’inconnu était à demi-vêtu, et avait le visage couvert de sang. Un pot de fleurs qu’entraîna le mouvement de la corde lorsqu’il l’abandonna, fit, en se brisant sur le pavé, lever les yeux à un agent de police posté dans la cour. « Voilà l’assassin qui se sauve par le toit, » s’écria l’agent, et un garde national somma le fugitif de se rendre, le