Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/53

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le salon serait occupé à la fois par M. Ménière et M. Deneux. On songea aussi à faire passer la nuit dans la citadelle à toutes les personnes désignées comme témoins, et il est probable qu’elles seraient entrées dans la citadelle le 8 au soir, si, jusqu’au 10, le maire et le juge de paix n’eussent été retenus hors de la ville par des affaires urgentes. Mais les circonstances devaient déjouer, dans ce qu’elle avait de plus minutieux, la prévoyance des gardiens.

On était arrivé à la nuit du 9 mai, et rien n’annonçait que cette nuit dût être marquée par l’événement attendu. MM. Deneux et Ménière se livraient au repos, ne croyant pas que leur ministère fut au moment d’être invoqué ; et toute la citadelle semblait endormie. Tout-à-coup la porte de la chambre de Marie-Caroline s’ouvre, Mme Hansler s’élance dans le salon à demi-vêtue : « Venez, venez, M. Deneux, Madame accouche. » Il était trois heures du matin environ. En un instant chacun fut sur pied. M. Ménière va frapper à la porte du corridor et appelle vivement le général. Celui-ci, averti, se précipite vers la porte d’entrée de l’enceinte en palissades, pour prévenir à son tour M. Dubois. L’ordre est donné de tirer le canon pour appeler dans la citadelle les témoins logés dans la ville. Déjà MM. Deneux et Ménière s’empressaient autour de Marie-Caroline. Bientôt, arrivant dans le salon, le général Bugeaud, M. Delort, commandant de la place, M. Dubois, et les officiers de service. Des messagers circulent de toutes parts dans la citadelle, se croisent sur les remparts, courent à la porte Dauphine. Trois coups de canon retentissent. « Qu’est