Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/80

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reposait dans toute sa force ! Après de vives attaques contre le projet d’embastiller la capitale, M. Cavaignac se mit à suivre à travers l’histoire du dix-neuvième siècle les progrès de ce système de réaction, qui s’était produit jusqu’au 18 brumaire, contre les hommes ; sous l’Empire, contre les idées ; sous la Restauration, contre les sentiments et les intérêts du peuple ; depuis, contre les garanties publiques. Le procès même intenté à la Tribune paraissait à l’orateur républicain la suite d’un vaste plan de conspiration contre-révolutionnaire, plutôt qu’un acte de vengeance provoqué par une injure. « Quoi ! ce procès pour vous dans un temps où la société est en proie à un procès, par ma foi, bien autre quand elle plie jusque dans son axe, quand on ne sait à quel orbite doit aboutir ce monde dérouté ! Quoi ! dans cette tempête qui gronde autour de vous, vous entendez le cri d’un journaliste ! Ces soldats retenus autour de vous, quand, de Francfort à Constantinople, on sent de quoi remuer les rois. et les peuples, quand l’Allemagne fermente sous cet esprit héréditaire qui fatigua Charles-Quint et ruina Napoléon ! Ainsi, l’Europe s’échauffe au retour de l’incendie que 1830 avait attisé dans son centre, l’esprit révolutionnaire se meut de nouveau contre cette loi de sainte-alliance qui ne peut plus désormais exister qu’entre peuples, une étincelle de juillet retombe sur le foyer de la grande famille européenne ; et, cependant, vous, vous jugez ! Distraction impossible, aveuglement incroyable, si l’on n’y cherche que celui de la passion ! Non, vous ne ferez pas