Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/108

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contentements de la caserne, et habile courtisan des hommes d’épée. Il préparait ainsi un règne destiné par lui aux agitations. Car le dédain avec lequel sa famille avait été traitée dans les grandes Cours, les discours insolents qu’on s’y permettait contre elle, ses sœurs réduites à désirer des maris et à les attendre, les refus humiliants essuyés par lui-même, tout cela avait laissé dans son cœur une trace envenimée. Son orgueil de jeune homme et de prince se révoltait contre des affronts auxquels se résignait la philosophie prudente de son père.

La lutte commença donc entre le roi et M. Thiers, soutenu par le duc d’Orléans. Elle fut longue, opiniâtre et M. Thiers parla enfin d’abandonner son portefeuille.

Le roi, qui avait une sagacité rare quand il ne s’agissait que d’une décision à prendre dans les petites choses, ne possédait d’ailleurs aucune connaissance administrative. Personne n’avait l’esprit moins généralisateur que lui, et cependant, chose bizarre ! il ne s’entendait à rien de ce qui est détail d’exécution. Témoin de l’inefficacité des efforts tentés par les agens de la reine Christine pour recruter en France des auxiliaires, il s’imagina qu’on ne viendrait pas à bout de faire franchir les Pyrénées à neuf mille volontaires, et ce fut dans cet espoir qu’il consentit enfin à laisser agir son ministre. M. Thiers se mit à l’œuvre sur-le-champ. On s’adressa aux régiments qui, sous les ordres du général Harispe, formaient le corps d’observation envoyé aux Pyrénées on fit appel aux hommes de bonne volonté et telle était l’impatience belliqueuse du soldat, que,