Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/116

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alliance avec l’Espagne, envoie de plus à son service. Le mois ne s’écoulera pas avant leur arrivée. » Le général Lebeau était, certes, autorisé par les circonstances à tenir ce langage, surtout au moment d’entrer en campagne, et presque sous le feu de l’ennemi. Il fut désavoué néanmoins, et cela par quelques lignes insérées au Moniteur contrairement au vœu du président du Conseil. Vint alors la question de savoir ce qu’on ferait des auxiliaires réunis à Pau. Suivant MM. Thiers, Passy, Duperré, Maison, Sauzet, Pelet de la Lozère, il fallait conserver le corps, en attendant qu’on pût voir clair dans les événements. Suivant le roi, au contraire, il le fallait dissoudre. Là était le nœud de la difficulté.

M. Thiers sentit bien qu’il chancelait ; mais, voulant essayer d’une lutte dernière, il rassembla ses collégues. Jusque-là, il avait marché d’accord avec eux ; et, malgré des avertissements, malgré des indices de plus d’un genre, il s’était plu à croire jusqu’au bout que l’appui de M. de Montalivet ne lui manquerait pas. Il fut donc aussi surpris qu’irrité lorsqu’il entendit M. de Montalivet se prononcer hautement pour le système du roi. Cédant à sa colère, « Qui donc, Monsieur, s’écria-t-il d’une voix altérée, vous a appris cette leçon ? Vous ne la saviez pas si bien il y a huit jours. » M. de Montalivet répondit avec hauteur, et le président du Conseil répliqua « Eh bien, allons trouver le roi, il s’expliquera lui-même. » Devant le roi, M. Thiers continua la lutte, et il eut la satisfaction de se voir énergiquement appuyé par le maréchal Maison. Le maréchal n’était pas d’avis d’une intervention en