Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/149

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rendaient plus sensible les approches de l’hiver ; et, dans les derniers jours du mois d’octobre 1836, tous les membres de la famille se trouvaient réunis à Goritz, en Styrie.

Ils y étaient à peine, que la température se glaça tout-à-coup un vent d’une violence extrême, le Bora, s’était levé la neige s’étendit sur toutes les montagnes environnantes : le vieux roi n’eut bientôt autour de lui que les plus sinistres images de la désolation et de la douleur. Sa santé, pourtant, n’avait jamais paru meilleure, et il faisait à pied de longues promenades. Mais ce qui était atteint chez lui, c’était le cœur. L’idée de la mort revenait souvent dans ses entretiens. « Il ne s’écoulera pas long temps, disait-il, d’ici au jour où l’on fera les funérailles du pauvre vieillard. » Et l’on remarqua qu’il s’abandonnait chaque jour davantage au regret de la patrie perdue.

Dans la matinée du 4 novembre (1836), jour de la Saint-Charles, il avait éprouvé durant la messe un saisissement de froid : il ne put assister au dîner, suivant ce qu’a raconté un des compagnons de son exil, M. de Montbel et lorsque, le soir, il entra dans le salon, où se trouvaient, avec quelques courtisans de leur infortune, les membres de sa famille, son aspect leur fut un sujet d’épouvante. Ses traits étaient contractés d’une manière étrange, sa voix avait une lugubre sonorité en quelques heures il avait vieilli de plusieurs années, et l’on ne pouvait déjà plus douter que la mort ne fut avec lui. Dans la nuit, la crise se déclara. Les docteurs Bougon et Marcolini furent appelés, et le cardinal de Latil vint donner