Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/151

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pulcre vulgaire, à la lueur d’une lampe près de s’éteindre, que les amis du monarque déchu furent admis à contempler pour la dernière fois sa figure, blanche et grave sous le suaire. Le corps avait été d’abord déposé dans une bière provisoire il en fut retiré pour être couché dans un cercueil de plomb, qui reçut l’inscription suivante :

CI GIT

TRÈS-HAUT, TRÈS-PUISSANT ET TRÈS-EXCELLENT PRINCE

CHARLES Xe DU NOM,

PAR LA GRACE DE DIEU ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE,

MORT A GORITZ LE 6 NOVEMBRE 1836,

ÂGÉ DE 79 ANS ET 28 JOURS.

Toutes les maisons régnantes de l’Europe prirent le deuil d’étiquette, une seule exceptée : la maison d’Orléans.

Telle fut la fin de Charles X, de ce prince si diversement éprouvé. En songeant de quelle source étaient venues ses fautes et à quelle expiation Dieu l’avait condamné, les âmes généreuses s’abstinrent de rappeler combien funeste avait été son royal passage à travers la France. Dans l’humiliation de ses cheveux blancs, dans les misères de sa vieillesse en peine d’un abri tranquille, dans ce qu’avaient eu de morne et de poignant ses adieux à la terre, quelques-uns ne virent que les suites naturelles de la victoire remportée par la révolution sur les rois ; et ceux-là même furent touchés d’une si grande infortune.

Pourtant, qu’est-ce que cela en comparaison de la longue agonie des peuples, perpétuée de siècle en siècle ? Et quels autres trésors de compassion