Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/166

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Kader, toujours attentif à son but, étendait son influence. Il s’était déclaré, il avait pris le nom d’émir : tout-à-coup il lance ses partisans sur le port d’Arzew, se fait proclamer bey de Tlemsen, et marche sur Mostaganem en maître souverain de la contrée. Que le général Desmichels se fût renfermé dans la ville d’Oran, la province était perdue pour nous. Attaquer, ici, c’était se défendre et il fallait pousser en avant, sous peine de périr. Le général Desmichels franchit les portes d’Oran, s’empare d’Arzew, court à Mostaganem, où il asseoit la domination française. Deux fois poussé au combat par son ambition et sa haine, l’émir est abattu deux fois ; et les vaillantes tribus des Douairs et des Smélas se montrent disposées à faire pacte avec notre fortune.

Peut-être était-ce le moment de poursuivre Abd-el-Kader, de l’anéantir : par une inspiration plus généreuse que prévoyante, le général Desmichels crut devoir négocier avec lui la paix. Elle fut signée le 26 février 854 et, pour la cimenter, le général Desmichels chargea le chef d’escadron de Thorigny et M. de Forges, officiers d’ordonnance, d’aller porter à Abd-el-Kader, en manière de présents, cent fusils et cinq cents kilogrammes de poudre. Abd-el-Kader était alors campé sur le Syg. Il reçut les envoyés du général Desmichels avec beaucoup de grâce, et, après les avoir invités à prendre du repos, il leur fit part de son désir de les emmener à Mascara, voulant par là sans doute leur donner le spectacle de son pouvoir et de l’ascendant qu’il exerçait sur les tribus. Le lendemain